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物語

Dans l'oeuf...

...une exposition

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@Arthur Brenac

​" La régie...

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L'espace d'exposition n°12 fourmille. Yokainoshima, esprits du Japon ouvre au public dans à peine plus d'un mois. L'occasion de comprendre comment s'organise un espace d'exposition... (seconde partie)

Continuons donc. Nous pénétrons dans la première partie « Invoquer » de l’exposition, représentée par des murs bleus, ce succédé par deux sections similaires, « Incarner » en vert, et « Interpréter » en jaune. Le choix des couleurs - très insolite, il faut le dire - se greffait à une problématique de taille : les photographies de Charles Fréger. Au départ, le coeur de l’exposition (Yokainoshima, esprits du Japon devait habiter 300m2 non 700), ses travaux se sont finalement lovés à des objets spirituels et mythologiques du folklore nippon. Les photographies habillent donc les murs, où sont aménagées des perspectives de sorte à ce que les productions soient visibles entre deux éléments. « Nous avons changé certaines cloisons de façon à ce qu’elles soient plus transparentes, et ainsi nous pouvions mieux voir les photographies derrière. » Là s’ancrait pareillement la volonté de Gilles Mugnier de ne pas présenter les photographies en white cube (des murs blancs entourant l’objet). 

À la confluence des parties bleues et vertes, un temple de carton et de bois trône. Quelque six mètres de haut, pour six mètres de largeur, la bête s’habillera de couleur rouge - histoire de rester dans la dimension nippone. Les équipes de travaux ont été claires à ce sujet : le temple est massif, ou du moins a le mérite d’être une des plus imposantes productions du musée. Si bien, que la bâtisse a dû être construite sur place et non dans les ateliers du sous-sol. C’est mirifique. « Nous avions déjà eu des projets qui avaient une même ambition, complétait Gilles Mugnier. Pour l’exposition Lumière, nous avons reconstitué un décor de là où le tout premier film de l’Histoire avait été diffusé. » Cliché oblige, le scénographe se devait de représenter l’Asie au mieux. « Quand nous pensons au folklore japonais, nous pensons immédiatement aux temples. » Moins titanesques toutefois, des baies vitrées installées dans la partie « Incarner » sont tout aussi admirables. Les quatre coins de la vitrine (2 mètres 30 de haut) seront partagés par des panoplies, masques nippons et des bambous de plastiques « pour donner une dimension paysanne ». 

Gilles Mugnier revenait à lui. La réalité était lointaine, mais non pas impalpable. Ce jour-là, ce furent les objets qui titillaient. « Typiquement, les matériaux japonais sont très fragiles, précise le scénographe. Ils sont souvent faits avec du bois laqué qui craque s’il y a de trop grosses différences d’humidité. » Les estampes et toiles (kakémonos) trottaient également dans la tête de Gilles Mugnier… Ces dernières craignent la lumière, l’obligeant d’imposer des rotations sur des cycles trimestriels. Sans compter la fragilité notable de l’ensemble des objets, forçant le staff de vitrer la majorité des éléments de Yokainoshima, esprits du Japon. La lumière grande ennemie de l’Histoire, on aura tout vu ! « Nous essayons de théâtraliser nos objets. Quand je dis théâtraliser, je pointe des jeux de lumière où les éléments de l’exposition sont sublimés. Pour Yokainoshima, esprits du Japon, ça donne un drôle de jonglage. » 

Mais le scénographe était confiant. Pas par présomption, loin de moi cette idée, mais plutôt par vécu. Hugo Pratt, lignes d’horizon, et Touaregs ont tous deux vu le bout du tunnel. Pourquoi les choses seraient différentes ? Gilles Mugnier piétinait vers la sortie. À contrecoeur, un père n’aime pas quitter sa progéniture. Il préférerait imaginer le jour où l’exposition ouvrira ses nébuleuses portes blanches aux curieux. Il entretient une solide hâte. Entendre les échos çà et là, s’améliorer fatalement… Peut-être respecter la tradition et en faire un reportage photo comme il en a l’habitude à chaque fin de cycle ? Le futur est un drôle d’animal. Gilles Mugnier sortit de l’espace n°12, sous les yeux ébahis quoique dubitatifs des passants. Il était 11h15 et le musée avait déjà ouvert ses portes. Le scénographe se voyait déjà bûcher sur son prochain projet d’exposition : la civilisation Kalash en Afghanistan qui viendra remplacer Carnets de collections. La journée va être longue…

Pour reveni

Première partie par ici...

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